Voici la traduction de l'article à paraitre dans l'édition du mois de Mai du magazine US "Guitar World.
L’ancien Red Hot Chili Pepper John Frusciante maintient la flamme allumée avec son dernier album solo Enclosure, et raconte pourquoi ses jours sur scène sont derrière lui.
Depuis qu’il a quitté les Red Hot Chili Peppers (pour la seconde fois) en 2009, John Frusciante est resté relativement absent de la scène publique.
Mais cela ne signifie pas que le guitariste n’a pas composé, enregistré et réalisé de nouveaux morceaux. En effet, ses productions au cours des dernières années ont été vacillantes tant dans la qualité que dans la portée.
Cela englobe ses albums solos complets (l’électronique et expérimental PBX Funicular Intaglio Zone en 2012), ses EP (Letur-Lefr en 2012, et Outsides en 2013), sa composition disponible en téléchargement gratuit sur internet (son solo de guitare de 10 minutes « Wayne »), ses collaborations (avec de nombreux chanteurs – et son épouse – Nicole Turley, ainsi que le guitariste de At the Drive-In et de Mars Volta, Omar Rodriguez-Lopez), et même ses travaux de production (pour Wu-Tang Clan et Black Knights).
Mais peu importe quel projet il poursuit ces jours-ci, le fait est que John Frusciante fait toujours, d’une façon ou d’une autre, de la musique.
« Ce que je trouve important est d’être dans le processus créatif », dit-il. « J’avais l’habitude d’être réellement frustré quand j’étais dans un groupe de rock avec l’obsession de tout le monde d’avoir terminé à la fin de la journée. Je ne pense pas que ça devrait être l’objectif, comme ‘’Oh, super, on a terminé. Maintenant on peut avancer vers la tâche la plus importante, celle de se promouvoir et d’aller sur scène.’’ Pour moi, être en studio, enregistrer et être créatif – c’est sa propre récompense. Et les meilleures choses arrivent durant le processus, pas après. Donc je suis fier de vivre dans le studio et de moi-même être en immersion avec la musique. »
Et, apparemment, il termine ses projets sur son calendrier personnel. Le dernier cadeau de Frusciante est donc Enclosure, une prestation de 10 morceaux composés et enregistrés pour la plupart en 2012, au moment de la production de l’album de Black Knights, Medieval Chambers. Tout comme ses prédécesseurs, Enclosure révèle l’intérêt pour Frusciante d’aller plus loin dans sa fascination pour les sons électroniques.
Votre musique en solo réunit de nombreux styles et sons différents. Pour ceux qui ne vous connaissent que pour votre travail aux côtés des Red Hot Chili Peppers, c’est plutôt dépaysant de ce qu’ils sont habitués à entendre venant de vous.
Quand vous êtes dans un groupe populaire, vous avez tendance à faire ce à quoi les fans du groupe répondront. Mais mes goûts ont toujours été très différents de ceux du groupe. Mais [avec les Chili Peppers] je visais l’écriture de choses sur lesquelles Anthony [Kiedis] voudrait chanter, sur lesquelles Flea voudrait jouer de la basse, et que Chad [Smith] voudrait faire sonner en y jouant de la batterie.
Donc vous vous retrouvez dans une situation où vous orientez votre musicalité vers les attentes des fans, du groupe et de ses membres, des managers et du label. Mais la musique que je fais maintenant n’est pas destinée à une audience particulière ou à une sorte de business d’intérêts ou quoi que ce soit dans ce genre. Je ne joue pas de musique spécifiquement dans le but de rendre les gens heureux, je joue de la musique afin de me rendre moi-même heureux. Donc je comprends comment [la musique que je fais actuellement] ce doit être surprenant, étant basé sur ce que j’ai fait avant. Mais pour n’importe qui me connaissant, on sait que je fais exactement ce que j’ai envie de faire.
Vous avez également écrit et interprété toute l’instrumentalisation de fond, qui tend notamment vers le synthétiseur, la boîte à rythmes et les échantillons. Qu’est-ce qui vous a mené à vous intéresser aux instruments électroniques ?
Aussi loin que les instruments électroniques, vous devez juste comprendre que la raison pour laquelle j’ai appris à jouer de tous ces instruments est que je crois en ma propre vision de la musique, et je n’ai pas voulu seulement contribuer à une partie musicale comme je faisais en étant dans un groupe. Je veux créer de la musique moi-même. Donc je cherche à jouer des percussions de la manière dont je veux qu’elles sonnent, et jouer du synthétiseur de la manière dont je veux qu’il sonne. Et je veux utiliser des échantillons car je sens qu’ils sont l’instrument le plus fort et le plus puissant au monde. Alors voilà pourquoi je joue de ces instruments, car en tant que musicien je veux entendre ma vision complète réalisée.
Prévoyez-vous de jouer vos morceaux en live ?
Hmm, non. Je ne pense pas qu’être un artiste est ce dont pourquoi je suis né. Je pense que c’est quelque chose auquel je me suis adapté et quelque chose que j’ai forcé. Mais je ne sens pas que je suis réellement comme ça. Flea, Anthony et Chad sont pour moi des artistes nés. Je ne le suis pas. Ce n’est pas ce dont pourquoi je suis là.
Vous préférez jouer votre musique en studio.
Ouais. Monter sur scène me semble juste être comme… comme un défilé. Vous utilisez en quelques sortes votre présence physique comme un accessoire ou quelque chose comme ça. Ce n’est pas un effort musical. Et je pense que toutes ces générations qui ont grandit avec MTV devraient se rappeler que la musique n’est pas juste quelque chose de visuel. C’est un son. C’est la vibration des molécules de l’air. Ce n’est pas la tête que quelqu’un fait ou un truc que quelqu’un porte.
Maintenant ce que nous pensons comme étant un vrai musicien est quelqu’un que l’on voit sur scène frappant son instrument, qui fait ses girations et des grimaces. Mais je pense que les gens devraient se rappeler que ça n’a pas toujours été comme ça. Il y eu un temps où les musiciens les plus puissants au monde étaient des compositeurs. Ils n’étaient même pas là quand vous entendiez la musique. Ils passaient leur temps, isolés, à écrire.
la suite est disponible dans le numéro du mois de Mai du magazine US "Guitar Word"
Traduction Rhcpfrance: Martin